samedi 12 janvier 2013

Haïti: le séisme de 12 janvier 2010 : un mirage

< style="text-align: left;"> Le troisième anniversaire du séisme du 12 janvier 2010 est encore un moment pour jeter un coup d’œil rétrospectif sur cet hécatombe de la part de la nature. Ce jour mémorable nous a fait comprendre la profondeur et l'ampleur de la crise sociétale d'Haïti. Nous étions, de part notre culture de scandale, dans la grande majorité de la population, surpris par cette foudre divine. Le séisme, puisqu'il faut l'appeler par son nom, et pourtant, fait, depuis très longtemps, partie de l'histoire géologique du pays. Nous répétons comme des jako repèt (des perroquets) que Haïti est un pays montagneux, mais nos livres d'histoire ou de géographie ne nous ont jamais expliqué les raisons pour lesquelles le relief du pays est ainsi fait. Combien d'entre nous savaient que le pays avait connu plusieurs séismes avant celui-ci? Combien d'entre nous avaient entendu les appels répétés de Claude Prépetit et de Patrick Charles, respectivement en 1995, dans Le Nouvelliste, et Le Matin en 2008, et bien d'autres? Bien avant ces deux dates, déjà sur le règne de Jean-Claude Duvalier dans les années 80, des experts américains avaient déjà tiré la sonnette d'alarme.


Revenons trois ans en arrière et plongeons dans le décor et l'âme du pays durant le séisme et les semaines qui ont suivi ce désastre. À 16h53 la terre trembla. Prise au dépourvu, la population paniquait, courait dans toutes les directions comme des fourmis folles. Des gens qui se trouvaient en pleine rue, cherchaient un abri pour se protéger, peut-être, croyaient-ils que la foudre de Dieu arrivait et le seul issu probable serait de trouver un bâtiment où ils pourraient se sauver de l’Armageddon. Dans ce film tragi-comique, qu'on pourrait facilement imaginer, l'ignorance et l'inconséquence de deux siècles d'indépendance des élites s'étalaient au grand jour; la nature corrigeait le cahier de nos élites à la face du monde. Dans la trame de la tragi-comédie, l'acteur principal du moment, René Préval, avait disparu pendant 24 heures de l'écran de la scène nationale. Le président est réapparu, penaud, et déclarait à CNN : «My palace collapse!». Plus tard - longtemps après- il racontait qu'il était en compagnie de son Premier ministre, Jean Max Bellerive, sur deux motocyclettes distinctes en train d'inspecter les dégâts dans la capitale. Faut-il pleurer ou en rire? Rions plutôt! Pendant plus d'une semaine, le vide institutionnel était évident : le siège de facto du pouvoir se situait à la station de radio Signal FM et le chef de l'exécutif avait pour nom Steven Benoit. Déboussolée, la nation voguait à la dérive : ni la station de radio ni Steven Benoit ne voulait jouer ce rôle qui leur était tombé du ciel.

Avec le tremblement de terre du 12 janvier 2010 en Haïti, le concept de l'effondrement de l'État était devenu une réalité concrète pour le plus ignorant des individus des abstractions scientifiques. On pouvait dorénavant enseigner à des enfants de tout âge ce qu'on entend par l'État, et quand il n'existe pas. Aussi - paradoxe apparent- le concept de Nation jaillissait dans toute sa nudité : la solidarité inter haïtienne s'étalait dans la glaise du réel; des becs et des ongles, sans matériels appropriés, des individus portaient secours à leurs frères et sœurs emprisonnés sous les décombres. La limite de leur héroïsme se donnait avec une impuissance déconcertante, quand, en dépit de leur volonté, ils ne pouvaient voler au secours d'autres individus pris sous les amas de pierres ou de ferrailles, qui manifestaient leur présence et qui, faute d'aide, périssaient faute de moyens appropriés. Un nombre important de gens ont payé de leur vie l'inconséquence de deux siècle de gabegies. Du plus simple au plus honorable des citoyens, tout le monde était déboussolé. De là, la compréhension de l'ignorance généralisée de la société haïtienne était patente!

Qu'à cela ne tienne. Pendant les premières semaines, à la suite de ce désastre, tous les espoirs étaient permis quant à la sortie du modèle bi-séculaire d'apartheid social cette fois-ci en Haïti; une nouvelle direction de la barque nationale s'avérait nécessaire jusqu'à ce que René Préval se tournât vers la communauté internationale tout en méprisant toutes initiatives internes. Là, tout était devenu clair que cette catastrophe n'allait guère changer le redressement de la barque nationale vers des horizons meilleurs. À la table internationale, durant la première réunion, au Canada, l'attitude et le comportement de nos dirigeants étaient abjects : en pleine conférence, Préval appelait Bellerive pour lui dire de demander à la communauté internationale des tentes! Quelle inélégance! La République de bananes est à son paroxysme. En plus, les dirigeants ont abandonné, sans coup férir, sa prérogative de gérer l'aide massive promise par l'Internationale. Par ce geste, ils ont accepté, tacitement, qu'ils étaient incompétents et corrompus et ont accepté la tutelle renouvelée de cette communauté internationale par la formation de la CIRH (Commission Internationale pour Reconstruction d'Haïti) avec à sa tête le Proconsul Bill Clinton.

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