vendredi 24 février 2012

La démission du Premier ministre haitien Gary Conille

La démission de Gary Conille ne surprend aucun observateur attentif de la scène politique haitienne. Le Premier ministre, dès le début de son entrée en fonction, avait clairement un titre honorifique : infantilisé par le président Michel Martelly qui, lors l'investiture de celui-ci, démandait aux journalistes de le laisser tranquille pour s'occuper de problèmes administratifs, tandis que lui s'occuperait d'interagir avec eux pour leur servir matière à des nouvelles piquantes. Dans deux articles écrits au courant du mois de décembre nous avons relevé un certain nombre d'incongruités entre le rôle politique Gary Conille et celui que lui attribue le chef de l'état. De plus, aucun des ministres ou secrétaires n'a été choisi par le chef de la primature.

Le pouvoir insignifiant du Premier ministre, comme on l'a vu, était évident dès sa nommination. On disait à la blague que celui-ci n'avait même pas le pouvoir d'un caporal. Ces dernieres semaines, avec l'insubordination des ministres qui n'ont pas suivi sa décision d'aller déposer ses documents de voyage devant la commission d'enquête du sénat, il était que l'insubordination de ces derniers étaient un geste de sédition à son encontre, et le chef de cette rébellion n'était nul autre que Michel Martelly. La raison est simple. Le président trouvait, ces derniers jours, que le Gary Conille commençait à se prendre trop au sérieux en lançant un audit sur les contrats signés avec des entreprises de la République par Préval et son Premier ministre Jean Marc Bellerive à la toute fin de leur mandat. Et pourtant ce dernier, comme Préval, est un conseiller influent du président de la République.

Finalement, il faut reconnaitre, même timidement, le chef de la primature, Gary Conille, s'est montré, à quelques occasions, en porte-à-faux à certaines décisions ou positions du chef de l'État, tel que le refus de Sweet Micky de publier la constitution amendée ou sur l'arrestation du député Arnel Bélizaire. Malheureusement, Conille n'a jamais compris que, tardivement, le rôle essentiellement politique de son poste. Dans un autre ordre d'idées, n'était-il pas curieux que le chef de la primature n'a pas assisté aux défilés carnavalesques des Cayes étant donné qu'il est responsable de la gestion et l'administration du pays?

mercredi 22 février 2012

Les élites haïtiennes : des canards boiteux

Durant les vingt-six dernières années, le pays a reculé à tous les niveaux. Imaginez seulement qu'à l'époque des Duvalier, Haïti présentait un tableau sombre et, après ces derniers, la dégringolade s'amplifiait. Le résultat ne pouvait pas être plus catastrophique. Le séisme du 12 janvier 2010 est venu compliqué les choses dans un pays où le chacun pour soi est la règle. Pensez en terme macroéconomique est une lointaine perception ou réalité: il manque d'intellectuels organiques dans le sens de Gramsci. Il manque tout simplement de penseurs qui constitueraient une masse critique. On trouve ça et là d'échantillons de penseurs noyés dans la masse de médiocrité.


Frantz Fanon
N'est-il pas vrai que l'intelligence est la faculté de contourner les contraintes inhérentes à la vie en général? L'intellectuel étant celui qui utilise son cerveau comme moyen de faire face aux contraintes, donc d'en proposer des solutions pratiques, il est donc de son ressort d'amener ses congénères à s'en sortir de leur carcan apparent, de trouver la solution de l'énigme. Frantz Fanon disait dans Les damnés de la terre que souvent les élites sont tellement loin de la réalité du reste de la population qu'ils leur arrivent d'affronter la dure réalité du pays réel à leur pays imaginaire quand ils se lancent dans la bataille pour concrétiser le pays de leur imagination. Si l'intellect ne peut intégrer dans sa pratique quotidienne ses réflexions ou ses conclusions, il est dans la fantaisie; ses idées ne sont que de la masturbation intellectuelle. Celui qui propose des solution doit commencer par appliquer et croire dans ses propositions. Cela en est un aspect de l'intellectuel organique. Aussi, par extension, les élites doivent être en mesure de modifier le cours des choses; elles ne peuvent pas être des arrière-gardes, mais des leaders.


Depuis l'indépendance (1804) jusqu'à ce jour, le pays régresse à tous les points de vue. Le mal semble inexorablement incurable. On se complaise à répéter avec délectation un certain nombre d'évidences apparentes : ayiti tè glise (Haïti, le pays de l'incertitude); peyi an pa gen moun serye(il n'y a pas de gens sérieux dans ce pays), ou byen se mantalite nou pou nou chanje (il faut changer notre mentalité), etc. Ces apories en apparence sont les moyens par excellence pour se faire passer comme quelqu'un qui pense les problèmes du pays. C'est la posture générale à tenir quand on veut se faire passer pour le Pic de la Mirandole. Le paraître est tellement important dans l'ego de l'Haitien qu'il surdétermine son être : on ne veut pas être ce qu'on est, on préfère être ce qu'on n'est pas; on se force même à être ce qu'on est pas.


Il est déconcertant de voir comment Michel Martelly a pu se hisser à la plus haute magistrature du pays sous le nez de militants invétérés. Son adversaire, en l'occurrence Mirlande Manigat, faisait piètre figure aussi bien durant sa campagne que dans le débat. Autre fait cocasse : certains prétendus intellectuels appuient Sweet Micky. Quelle gymnastique intellectuelle pouvait amener à ce choix? Allez donc savoir.

mardi 21 février 2012

Haiti, le carnaval de Sweet Micky aux Cayes

Sweet Micky, le président d'Haïti, est aux anges durant cette période carnavalesque. Durant ces périodes, quand il n'était pas encore président, c'était le moment pour lui de donner libre cours à son imagination sordide. Qu'on se rappelle de ses propos grossiers ou ses prestations de son char allégorique qui étaient carrément une offense à la morale publique. Aujourd'hui, pour cette période carnavalesque, l'ancien président du compas, n'a pas chômé : l'attaque par le président accompagnée d'une horde de malandrins à coup de pierre et d'armes automatiques des étudiants de la faculté d'ethnologie est dans la suite de ce que Michel Martelly a toujours fait durant ces périodes de réjouissance collective.



En effet, l'ancien président du compas, aujourd'hui président de la République ne serait pas égal à lui-même s'il avait pris l'air protocolaire que ce poste de chef d'état impose à son détenteur. Les esprits bacchanales qui le chevauchaient d'habitude l'auraient décapité pour faute de trahison. Pince sans rire. L'affrontement avec les étudiants étaient l'un des moyens pour le président de donner du plaisir à ces esprits téméraires qui doivent retrouver son homme de festivités carnavalesques et le caracoler.


D'après les dernières nouvelles, Sweet Micky faisait le parcours en compagnie de Djakout mizik, hier soir, aux cayes. Je suppose que le président n'était pas resté sage. Je l'imagine déjà dans ses déhanchements les plus dégueulasses les uns que les autres. Peut-être a-t-il pris le micro et nous servir des paroles les plus sordides les unes que les autres. Ce ne  serait en aucun cas une surprise. Le président vient d'annoncer un autre carnaval au mois juillet, le carnaval des fleurs, reprenant la formule de l'ancien dictateur, Papa Doc, pour énivrer le peuple au lieu de lui sortir de sa misère. L'ultime désir de Sweet Micky est-ce de garder le pouvoir pour la vie ou sortir le pays du marasme? Que diable allons-nous faire avec deux festivités carnavalesques durant la même année? Le carnaval a-t-il des retombées touristiques importantes?

Notre héritage : les dédales d'un mode de pensée

   Les apories discursives   Les invariants du mode de pensée haïtienne font partie des forces de freinage de tout progrès . L'un de ce...