mercredi 1 août 2012

LE CSPJ RATERA-T-IL SON RENDEZ-VOUS AVEC L’HISTOIRE?

L’opinion publique haïtienne est accoutumée avec les sempiternelles histoires de pots-de-vin qui altèrent profondément toutes les composantes de la société haïtienne. Cependant, la corruption et la mainmise des hauts fonctionnaires ont atteint son apogée, après l’avènement au pouvoir de M. Joseph Michel Martely, dû au manque de vision à long terme du gouvernement. D’aucun pensait que le gouvernement Martelly-Lamothe était de bonne foi lorsqu’ils ont manifesté leur volonté de finir avec le cycle infernal des institutions provisoires dont le Conseil Électoral, et de consolider l’indépendance du pouvoir judiciaire. Le sort en est jeté!

Malgré les nombreux scandales qui ont éclaboussé le système judiciaire dans le passé, on se croirait à l’abri des supercheries d’une fonction publique gangrénée, après l’entrée en fonction des membres du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ). Mais l’histoire vient de nous prouver le contraire. En effet, les organisations de la société civile, l’Association Nationale des Magistrats Haïtiens et la Fédération des Barreaux de la République ont monté au créneau pour fustiger le comportement infâme de Me. Anel Alexis, Président du CSPJ, également Président de la Cour de Cassation, ultime instance judiciaire du pays. L’homme de (doigt) a donné un coup de massue à la confiance des citoyens lorsqu’il choisit, ses trois représentants devant faire partie du Conseil Électoral Permanent, en dehors des normes prescrites par la loi. Le Président et ses quatre congénères de l’institution, peu de jours après leur investiture, ont cautionné l’emprise du pouvoir sur le CEP par le choix guidé des trois personnalités qui devraient y siéger. 

Si un homme de loi de la trempe du président du CSPJ et de la Cour de Cassation s’est laissé délibérément manipulé par notre président sulfureux, qu’en serait-il donc pour un fonctionnaire de cadre intermédiaire? Depuis le départ du dictateur Jean Claude Duvalier en février 1986, la situation politique, économique et sociale du pays se dégénèrent tellement que le pays a connu des crises successives insurmontables de toute sorte dont une carence criante de leadership sur l’échiquier politique haïtien. Ces crises se sont empirées au fil des ans, pour ensuite culminer à la candidature et à l’accession du chanteur Michel Martelly au timon des affaires de l’État. Il va sans dire que le déficit de crédibilité dont jouit le pays est omniprésent. De l’exécutif, en passant par les pouvoirs judiciaire et législatif, jusqu’aux simples fonctionnaires de l’État.

Somme toute, cette jeune institution qui a finalement vu le jour, le mois dernier, selon les vœux de la constitution de 1987, s’embourbe d’ores et déjà dans les irrégularités administratives. Pourtant, le processus de sélection des membres constituants le CSPJ était tellement rigoureux et démocratique que la population s’en était félicitée. Mais les quatre membres, par qui le scandale est arrivé, ont fait miroiter au conseil l’auréole de la gloire. La vigilance ainsi que la détermination dénotées des opérateurs du système, laissent poindre une lueur d’espoir à l’horizon. Ce faisant, leurs moindres fait et geste seront scrutés à la loupe et leurs décisions resteront gravées dans la mémoire collective pour toujours. 

Denis Jules

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