Penser et comprendre Haïti pour une nouvelle renaissance
Je ne pourrais m'empêcher de commencer ce billet par cette phrase lapidaire, une de mes trouvailles, Haïti, un si grand pays pour de si petits hommes. Ce pays où des hommes ont réalisé l'une des révolutions universelles de toute l'Histoire de l'humanité se retrouve acculé à la mendicité, à la crasse, à l’opprobre, au naufrage de cette épopée de 1804. Devant une telle éventualité, aucun individu ne doit rester indifférent, surtout quand on est fils ou fille de ce coin de terre. Pour comprendre les causes de nos malheurs, il faut mettre de côté toute émotion, il faut dépasser les lieux communs, ses idées reçus qui nous empêchent de voir la forêt, donc les problèmes fondamentaux qui gênent toute issue à la crise permanente haïtienne. Entendons-nous sur les mêmes problèmes, nous serons unis dans la preuve, pour paraphraser Gaston Bachelard. La question qui me titille depuis assez longtemps, c'est l'incapacité depuis 200 ans de notre part de mettre Haïti sur la voie de la modernité. En d'autres mots pourquoi ce sont les obscurantistes, les rétrogrades qui mènent le bal dans ce pays? Ou encore pourquoi les rénovateurs n'arrivent-ils pas à tourner la situation de bord?
Certainement, dans la pléthore de corrompus, d'obscurantistes que ce pays recèle, il y a des gens qui sont profondément inscrits dans la modernité. Cependant, ils sont incapables d'être hégémoniques; ils se livrent au suicide politique par des alliances contre-natures avec les rétrogrades. Leurs victoires ne sont que des victoires à la Pyrrhus, qui ne durent l'espace d'un instant. L'assainissement des finances publiques par Anténor Firmin sous le gouvernement de Florvil Hyppolite au XIXe siècle pendant 2 ans, La réforme de l'éducation menée par J. C. Bernard dans les années 80 sous le gouvernement de Jean-Claude Duvalier pendant un an, les mesures prises par le ministre du commerce Serge Fourcand pour augmenter les recettes, régulariser les comptes budgétaires, etc. sous Jean-Claude Duvalier, ou de Marc Bazin aux finances pour budgétiser les recettes de l'État n'ont pas eu les effets escomptés parce que le système de prévarication mis en place depuis l'indépendance a la vie dure et a horreur de toutes intrusions dans sa principale source d'enrichissement illicites, soit les recettes de l'État.
Comme le dit Leslie Péan dans son livre L'économie politique de la corruption, il ne faut pas regarder la corruption sous l'angle uniquement matérielle mais surtout spirituelle, car le poisson est pourri de la tête jusqu'aux queux. Le système n'est pas réformable, il faut le détruire de la tête jusqu'aux queux. Le comment faire est beaucoup plus difficile que le faire. Cependant, je crois dur comme roc que là où il faut l'attaquer c'est à sa base, soit l'instruction publique. L'école haïtienne est contre-productive. Elle nous acculture, elle ne nous outille pas à faire face aux problèmes de l'heure. Somme toute l'éducation est toujours au service des défis de l'époque. Comme le faisait remarquer Christian Baudelot et Roger Establet dans un livre au titre provocateur Le niveau monte, l'école, à travers les ages, a toujours servi suivant des besoins précis, en fonction du système économique. L'école haïtienne, en ce sens, dans l'état actuel, vise à renforcer le système archaïque mis en place depuis l'indépendance au profit d'une élite rétrograde, une kleptocratie. Il n'est donc pas étonnant que la réforme menée en éducation par J. C. Bernard a été battue en brèche en un an par cette horde d'arriérés d'élites haïtiennes.
Dans cette même veine, vue la formation intellectuelle de l'Haïtien, les intellectuels sont incapables d'imposer une façon de voir ou de faire parce qu'ils sont malades de leur culture. Ils sont incapables de se constituer en intellectuels organiques parce que leur psyché est étranger à la réalité haïtienne, l'orthodoxie pédagogique qui sévit dans l'éducation tue toutes formes d'initiatives, toutes sortes de pensée critique; les paroles du maître sont de l'évangile : en dehors du maître, point de salut. L'intolérance au point de vue divergent nous est inculquée par filiation à l'éducateur. Tout débat devient une affaire personnelle; on ne discute pas d'idées mais de personnalité : notre susceptibilité est à fleur peau. Quand la discussion tient lieu, nous faisons de la sémantique que de rentrer dans le vif du sujet. Pour sortir de ce carcan, qui est la cause principale de la crise haïtienne, il faut inévitablement que les connaissances se transmettent autrement et que l'école nous rend plus haïtien qu'elle ne nous éloigne. Les maîtres doivent être rééduqués, dirait l'autre.
Certainement, dans la pléthore de corrompus, d'obscurantistes que ce pays recèle, il y a des gens qui sont profondément inscrits dans la modernité. Cependant, ils sont incapables d'être hégémoniques; ils se livrent au suicide politique par des alliances contre-natures avec les rétrogrades. Leurs victoires ne sont que des victoires à la Pyrrhus, qui ne durent l'espace d'un instant. L'assainissement des finances publiques par Anténor Firmin sous le gouvernement de Florvil Hyppolite au XIXe siècle pendant 2 ans, La réforme de l'éducation menée par J. C. Bernard dans les années 80 sous le gouvernement de Jean-Claude Duvalier pendant un an, les mesures prises par le ministre du commerce Serge Fourcand pour augmenter les recettes, régulariser les comptes budgétaires, etc. sous Jean-Claude Duvalier, ou de Marc Bazin aux finances pour budgétiser les recettes de l'État n'ont pas eu les effets escomptés parce que le système de prévarication mis en place depuis l'indépendance a la vie dure et a horreur de toutes intrusions dans sa principale source d'enrichissement illicites, soit les recettes de l'État.
Comme le dit Leslie Péan dans son livre L'économie politique de la corruption, il ne faut pas regarder la corruption sous l'angle uniquement matérielle mais surtout spirituelle, car le poisson est pourri de la tête jusqu'aux queux. Le système n'est pas réformable, il faut le détruire de la tête jusqu'aux queux. Le comment faire est beaucoup plus difficile que le faire. Cependant, je crois dur comme roc que là où il faut l'attaquer c'est à sa base, soit l'instruction publique. L'école haïtienne est contre-productive. Elle nous acculture, elle ne nous outille pas à faire face aux problèmes de l'heure. Somme toute l'éducation est toujours au service des défis de l'époque. Comme le faisait remarquer Christian Baudelot et Roger Establet dans un livre au titre provocateur Le niveau monte, l'école, à travers les ages, a toujours servi suivant des besoins précis, en fonction du système économique. L'école haïtienne, en ce sens, dans l'état actuel, vise à renforcer le système archaïque mis en place depuis l'indépendance au profit d'une élite rétrograde, une kleptocratie. Il n'est donc pas étonnant que la réforme menée en éducation par J. C. Bernard a été battue en brèche en un an par cette horde d'arriérés d'élites haïtiennes.
Dans cette même veine, vue la formation intellectuelle de l'Haïtien, les intellectuels sont incapables d'imposer une façon de voir ou de faire parce qu'ils sont malades de leur culture. Ils sont incapables de se constituer en intellectuels organiques parce que leur psyché est étranger à la réalité haïtienne, l'orthodoxie pédagogique qui sévit dans l'éducation tue toutes formes d'initiatives, toutes sortes de pensée critique; les paroles du maître sont de l'évangile : en dehors du maître, point de salut. L'intolérance au point de vue divergent nous est inculquée par filiation à l'éducateur. Tout débat devient une affaire personnelle; on ne discute pas d'idées mais de personnalité : notre susceptibilité est à fleur peau. Quand la discussion tient lieu, nous faisons de la sémantique que de rentrer dans le vif du sujet. Pour sortir de ce carcan, qui est la cause principale de la crise haïtienne, il faut inévitablement que les connaissances se transmettent autrement et que l'école nous rend plus haïtien qu'elle ne nous éloigne. Les maîtres doivent être rééduqués, dirait l'autre.
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