Haïti, finissons-en avec la commémoration du séisme
Le tremblement de terre n'a rien changé
Qu’est-ce qui a bien changé suite au séisme du 12 janvier 2010? Absolument rien. Il fallait s’y attendre mais notre attachement à ce pays peut nous éluder le caractère foncièrement délétère des élites. Cependant nous avions crû, heureusement pas plus que deux semaines après cet hécatombe, que quelque chose pourrait changer dans ce pays jusqu'à ce que Préval soit sorti de son mutisme, que les ONG envahissent Haïti et que le naturel revienne au galop, donc le chacun pour soi primaire, qui se traduit par le mépris du plus grand nombre de nos élites et que le peuple subsume par mimétisme admiratif. A la conférence de Montréal, à peine quelques mois après le séisme, où, en pleine conférence, Préval appelait Jean Max Bellerive pour quémander des tentes. L’inélégance de ce geste nous a abasourdi et gêné au point d’avaler, soudainement, toute notre fierté de peuple qui a réalisé l’une des prouesses la plus grandiose de l’humanité en la geste de 1804. La suite des jours, des mois et cette quatrième année de commémoration nous amène à croire qu’on se moque allègrement de ces centaines de milliers de morts, car le sursaut attendu a fait place à la déception et au mépris même. A la face du monde, Préval a fait montre le caractère essentiellement mendiant de nos dirigeants. Le commerce avec la misère du peuple est leur seul source de revenu. On comprendra bien que le carnage a fait le bonheur de bien des gens, qu’ils soient Haïtiens ou Étrangers.Les pouvoirs politiques n’ont jusqu’à présent pris aucune mesure concrète pour remédier aux nombreuses lacunes du pays avant le 12 janvier 2010. Car ce n’est pas le tremblement qui, en fait, a tué bon nombre de victimes mais l’ignorance. Cette ignorance s’exprime par le manque d’information sur le comportement à adopter pendant un séisme: que des gens aillent s’abriter dans des maisons est la preuve tangible que les gens ignoraient totalement ce qu’il fallait faire. Elle dénote l’insouciance des élites car depuis le tournant des années 80, des scientifiques américains avaient déjà prédit l’imminence d’un tremblement dans les 20 prochaines années. Claude Preptit et Patrick Charles le prédisaient depuis belle lurette par la suite. A entendre Préval, dans ses commentaires, dire qu’il avait l’habitude d’entendre Claude Preptit parler de cette éventualité à la télévision National et qu’il a occupé les arènes du pouvoir pendant vingt ans et n’a pas pris de mesures pour éviter les conséquences d’une telle catastrophe prouve son sadisme et celui de toutes nos élites.
L'insouciance et l'irresponsabilité perdure
Les leçons de l’histoire haïtienne ne devrait laisser planer aucune espérance d’une nouvelle Haïti chez nous car le passé est garant de l’avenir. Le séisme de 1842 avait tué la moitié de la population du Cap. Et dire que peu d’entre nous s’en souvenaient. Le devoir de mémoire est un vain exercice dans la culture de nos élites par défaut. D’ailleurs, comment pourrait-il être autrement quand, pour paraphraser vernon Jean, la majorité de l’élite de ce pays ne possédait qu’au plus qu’un diplôme d’études secondaires, et se nomme, ostentatoirement, philosophe. Pendant longtemps, l’embryon universitaire qu’est l’Université d’État d’Haïti ne décernait que des licences. Il n’y a pas si longtemps que quelques chaires de maitrise ou de doctorat ont vu le jour de façon parcimonieuse.Je me rappelle encore les commentaires de Christian Deblock de l’Université du Québec À Montréal qui parlait de la misère documentaire de cette dite université. Par ailleurs, s’il faut comprendre la misère intellectuelle dans ce pays, il faut regarder la Société haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie. Une institution rachitique aussi bien par ses moyens financiers qu’intellectuels car s’il faut continuer, en plein vingt et unième siècle, à gérer de façon artisanale un centre de recherche, il va sans dire que la production intellectuelle est à l’image de cette gestion. Un numéro de leur revue publié l'année passée contenant des écrits sur la géologie en Haïti a été produit en grande partie à partir des avoirs de quelques membres. Ces Messieurs font semblant d’ignorer qu’il existe des commanditaires qui seront prêts à les financer. Pierre Buteau, membre de cet organisme, a clairement dit dans une émission sur Signal FM qu’il n’en était pas question. Il aime ce cachet artisanal.Alors, n’allons pas pas mettre sur le dos de la communauté internationales les causes de nos déboires bicentenaires. Notre gout prononcé pour la médiocrité a été cultivé jalousement. Ce n’est pas sans raison que la République dominicaine ait pris le momentum dans les négociations sur l’arrêté de la cour constitutionnelle de ce pays. Nous sommes en train d’être menés par les caprices de nos voisins comme il eut été après le massacre de 1937.
La duplicité demeure la règle dans les relations sociales
C’est dans cette veine que, depuis un an, je ne cesse de demander qu’une nouvelle élite moderne, mêlant les gens de l’extérieur que de l’intérieur du pays, se manifeste en chassant cette élite de paravent ou de Robe. La voie de développement d’Haïti passe indubitablement par le remplacement de ces ignorants. En dehors de ça, nous continuerons à patauger et à s’enfoncer dans la fiente. Il y a trop de pourritures dans cette cohorte pour qu’on ose espérer un sursaut de grandeur d’âme. Un charognard ne pourra jamais se changer ni en prédateur ni en proie. Comment peut-on comprendre que Laurent Lamothe ait dépensé quelque 3.6 de dollars pour peinturer le bidonville du nom de Jalousie? N’est-ce pas la preuve que le Premier ministre et la prévarication dorment dans le même lit, s’ils ne sont pas frères siamois? Quand on sait que la faille d’Enriquillo emmagasine de l’énergie, donc que l’éventualité d’un tremblement de terre est imminente, peinturer Jalousie, c’est peut-être, dans l’esprit tordu de Lamothe, offrir d’avance des sépultures décoratives à ces milliers de personnes! Que des dirigeants s’en moquent ainsi de la vie des gens, la réaction de toutes personnes sensées serait de poursuivre ces dirigeants pour viol de confiance et les accuser aussi pour être des psychopathes, des tueurs en série.Je refuse dorénavant de commémorer le 12 janvier en compagnie de criminels, de magouilleurs, d’infra-humains patentés. La commémoration aura un sens quand nous aurons compris qu’il y a des leçons à tirer et des mesures concrètes à mettre en branle pour que nous ne subissions plus de façon récurrente les mêmes aléas. Nous avons les moyens de minimiser les risques. Il suffit qu’il y ait des élites qui soient conscientes de leur rôle de leadership, du poids de notre histoire, de notre culture à sauvegarder et renforcer. Il fallait justement voir toute la désinvolture avec laquelle les morts du séisme ont été charriés comme des ordures pour bien comprendre pourquoi cette nouvelle Haïti tant rêvée n’est qu’un mirage. Dans ce macabre évènement,le peuple haïtien a démontré à la face du monde qu’il était civilisé et que les troupes américaines venues soi-disant pour empêcher le débordement populaire a dû rester pantois face à ce peuple qui n’a fait aucun grabuge. Les GI ont dû faire du tourisme. Pourquoi commémorer des morts pour lesquels on n’a eu aucun respect? Notre hypocrisie, c’est donc de la puanteur. Vomissons donc tous ceux qui ont le dépit pour se racheter. Au moins. Finissons-en donc avec cette commémoration si on n’est pas capable d’apprendre de nos fautes.
Ernst Jean Poitevien
http://haiti-tribune.blogspot.com/2013/01/haiti-le-seisme-de-12-janvier-2010-un.html
http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2010-01-18/haiti-des-geologues-avaient-predit-la-catastrophe/924/0/414514
http://haiti-tribune.blogspot.com/2013/02/problematique-haitienne-entraves-la.html
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http://haiti-tribune.blogspot.com/2013/02/problematique-haitienne-entraves-la.html
http://haiti-tribune.blogspot.com/2014/01/haiti-pourquoi-la-commemoration-du.html?utm_source=BP_recent
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