Source Le nouvelliste
Auteur : Louis Joseph Olivier
Certaines autorités publiques sont dans le collimateur de la
Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA). La
Cour des comptes affirme qu’il y a eu un laisser-aller qui mérite des
investigations concernant les projets de construction d’infrastructures
publiques. C’est l’une des conclusions du rapport sur la situation
financière du pays présenté la semaine écoulée par le conseil de la
Cour.
Dans ce rapport, la CSCCA s’est beaucoup attardée sur les travaux de
reconstruction d’infrastructures publiques d’après le tremblement de
terre. Actuellement, ces chantiers publics sont pour la plupart
suspendus. Comme c’est le cas au niveau des bâtiments devant accueillir
les ministères de l’Intérieur et du Commerce au Champ de Mars.
Les
experts de la Cour des comptes se sont proposés de faire la lumière sur
ce qui empêche la construction des infrastructures d’avancer. « Un
laisser-aller qui a abouti à des cas qui méritent des investigations
sérieuses pour comprendre comment les fonds de l’Etat ont été
effectivement dépensés », retient le rapport de la Cour supérieure des
comptes qui note de nombreuses irrégularités.
Les récentes
visites des enquêteurs de la Cour supérieure des comptes et du
contentieux administratif sur les lieux de travail révèlent que dans
certains cas, des retards de deux ans ont été enregistrés dans
l’exécution des travaux alors que les exécutants ont déjà reçu la plus
grande portion des montants de leurs contrats. « Des contrats
d’exécution n’ont pas été respectés. Des projets sont restés inachevés
et n’ont pas pu être livrés dans les délais impératifs. Les faiblesses
de gestion diverses ont été généralisées et on le constate tant du côté
des ordonnateurs que du côté des exécutants des contrats », rapportent
les spécialistes de la Cour supérieure des comptes.
La Cour
supérieure des comptes et du contentieux administratif insiste en
dénonçant l’octroi du pactole aux firmes étrangères. « Environ 23.5
milliards de gourdes sur 28.5 milliards sont exportés vers l’extérieur à
travers les firmes qui mobilisent les ressources d’exécution qui
serviront à payer les professionnels étrangers et les intrants importés
et les profits d’entreprise, poursuit le rapport qui tient compte de
l’exercice fiscal 2013-2014. Il s’ensuit que les 24.5 milliards sur les
28.5 milliards reçus par les firmes internationales sont loin de
pouvoir produire des impacts significatifs sur l’économie ».
Les
experts de la CSCCA rappellent que ces firmes ont été toutes engagées
sur la base de gré à gré dans la majorité des cas depuis 2012, sous la
couverture de la loi d’urgence. « La Cour estime cette coïncidence
malheureuse car elle n’a pas permis à l’Etat haïtien de profiter des
meilleurs coûts pour l’exécution des travaux encore moins aux firmes
haïtiennes de profiter de cette injection massive de capitaux pour se
développer technologiquement et enclencher le processus de
capitalisation nécessaire pour construire ce tissu entrepreneurial
vital. »
Ce rapport, qui épingle les autorités haïtiennes, a été
rendu public par les membres du conseil de la Cour. C’est le premier de
ce genre rendu public par l’équipe dirigée par Fritz Robert St Paul,
président du conseil. Ce rapport aborde plusieurs dossiers ayant rapport
avec les finances publiques, y compris les projets de construction
d’infrastructures publiques. Là où l’équipe Martelly-Lamothe avait
surtout péché, au regard des révélations faites dans ce rapport.
«
Partant de ces constatations, on arrive à la compréhension selon
laquelle ni les ordonnateurs, ni les exécutants ne se sont sentis
vraiment liés par l’obligation du respect strict des procédures et des
clauses contractuelles, affirment plus loin les experts de la CSCCA.
Les ressources dépensées pour le financement des contrats qui ne sont
pas exécutés et constituent des fonds sur lesquels des intérêts sont
accumulés ».
Les dépenses publiques engagées et exécutées au
cours des deux dernières années et dont les résultats auraient dû se
faire sentir au cours de l’exercice 2013-2014 ont été globalement
inefficaces sur le plan interne. Les abus divers qui ont été révélés ne
sont susceptibles de garantir ni la performance interne, ni la
performance économique, encore moins de mettre le pays sur la route de
2030, selon le rapport. Comme presque toujours, les maigres ressources
dont dispose l’Etat haïtien ne servent pas toujours au développement
socio-économique du pays.
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