La prostitution de l'intellect : le mal d'Haïti
Gayot & Opont CEP 2010 |
Un Caméléon, un électron tropn libre |
Ce même phénomène se
retrouve aussi bien dans la diaspora. A la différence, les besoins
primaires sont satisfaits. Les mêmes saloperies qui se passent en Haïti se reproduisent dans la diaspora. Le plus gros problème,
c'est que même quand certains Haïtiens se hissent à des postes
importants en diaspora, mais ils n'ont pas tout le loisir de faire à sa
guise, d'agir comme bon leur semble. Alors, occuper un poste
important au pays devient le summum de leur rêve. Pour confirmer
cette assertion, il faut revenir à la suite du coup d'état contre
Aristide en septembre 1991. Dans les manifestations pour le retour à
l'ordre constitutionnel, donc d'Aristide, les manifestants
scandaient : «Aristide peyi an se pou ou l ye vire dada w jan w
vle.» (Aristide, le pays t'appartient, tu fais ce que bon te semble)
Dans le même esprit, les partisans de Duvalier ou les sbires de ce
dernier marquaient la même approbation. Nemours, le père du Compas,
avait composé une musique dans ce sens : «gade oun peyi m fè sam
pito, gade Peyi hoy olololoy.»(Ce pays est ma demeure, je fais et
défais à ma guise ) En général, la personne tire quelques coups de feu en
l'air pour clôturer ce moment d'extase.
La délinquance qui prend
des proportions démesurées en diaspora est le reflet de ce désordre
dans l'ordre des choses et de la pensée. Tous moyens de faire de
l'argent deviennent le leitmotiv par excellence dans le mental de
l'Haïtien en général. Par exemple la mère se prostitue au vu et
au su de tout le monde et le mari profite consciemment de cette mode
de vie. Vice versa. Les femmes changent d'hommes comme elles changent
de culottes. Les hommes autant que les femmes ne font plus l'amour,
ils font du sexe parce que la durée d'une relation est assujettie
aux intérêts matériels immédiats. Le temps c'est de l'argent,
donc l'amour prend trop de temps à bâtir, en conséquence le
plaisir de l'amour perd au change. Comme tout est marchandise,
l'amour devient lui aussi une marchandise : A-M- A+, le gain en
retour contre débours initial. Ce débours est différent selon que tu sois un
homme ou une femme. Une connaissance à qui j'exposais cette
observation me disait que la conséquence de tout ça les générations
futures seront moins belles ou jolies que celles qui les précèdent
parce qu'on ne tient plus compte de la postérité génétique, la
reproduction de soi-même avec l'autre qui est idéalisé, mais,
plutôt dans l'intérêt ponctuel, les avantages immédiats. Et j'ai
renchéri que c'était une tendance mondiale. Sauf chez nous on est
capable d'entortiller tout concept, toute tendance à sa guise :
le jour peut devenir nuit. Vice versa.
Comprendre, en dépit
que la société capitaliste transforme tout en marchandise, dans
bien de pays, qu'on essaie d'encadrer tout ça de règles
éthiques(l'éthique n'est pas essentiellement de la morale) est une
manifestation de l'éthique de responsabilité qui est le corollaire
de l'éthique de conviction. Par exemple, dans plusieurs pays
d'Occident, un de leurs ressortissants qui aurait pratiqué de la
pédophilie à l'extérieur de son pays peut être condamné pour
crime contre mineure. Les relations sentimentales mineures et adultes
sont réprouvées. La violence conjugale de même. Il existe un
ensemble de points sur lesquels ces sociétés ne badinent pas. Une
conscience environnementale prend tranquillement sa place dans les
normes de vie. L'opposition à l'utilisation des métadonnées par
les entreprises et les gouvernements (Google, Facebook,etc.) se met en place de
plus en plus. Le seul frein à la montée de cette opposition, c'est
la prolifération d'une élite mondiale inculte. Ce décorticage de
la réalité comme l'anatomie dans les sciences dites dures est
appelé l'analyse du politique, le fonctionnement de toute société
à travers les règles écrites et surtout non écrites. Bref son
inconscient collectif.
En effet, Sweet Micky et
Opont, respectivement président de la République et président du
CEP, ne devraient nous émouvoir outre mesure. A moins qu'on soit
incapable d'analyser les faits ou tourner le dos à la réalité ou
bien encore être dans l'incapacité de jauger les faits. Dans les
deux derniers cas, ils ont peur de se regarder droit dans ce miroir
qu'est Sweet Micky et Opont, car c'est leur propre image hideuse et
dégoûtante. C'est du pareil au même. Des frères siamois.
Pour qu'il n'y ait pas de
confusion dans mes propos. Je ne suis nullement contre la liberté
des gens de mener leur vie comme bon leur semble. C'est plutôt la
pagaille qui règne dans les comportements et les conceptions qui
m'horripilent. L'absence de conviction ou du libre-arbitre chez nous ( quoi qu'on
dise dans certaines sociétés, les citoyens usent d'un minimum
d'outils d'analyse pour se convaincre ou dissuader; ils ne mettront
pas trop souvent la charrue avant les bœufs) est à couper au
couteau. En occident, le choix du mode de vie de quelqu'un ne se
discute pas. L'homosexualité, le nudisme; les tenues vestimentaires,
les coupes de cheveux, et j'en passe, participent à cette liberté
individuelle. Et les gens assument leur marginalité. Chez nous,
entre le paraître et l'être, il y a un épais brouillard :
tout est bluff! Un sourire, des yeux doux, des mots tendres, des
injures, la romance(toute la gamme des sentiments) peuvent avoir
autant de signification qu'il n'y ait de sens. Bref la communication
est morte, seule la méfiance et la ruse ont le haut du pavé. On ne
communique pas, on s'évite. Le dialogue chez nous est le monologue
par euphémisme.
Comment pourrais-je
m'attendre à ce qu'un de mes compatriotes me fasse la leçon de
morale. Au diable la morale dans nos simples faits et gestes et on
tient un discours de haute moralité! Encore la manifestation de
cette inconsistance dans le langage et la pratique qui s'entortille,
se fusionne. Bref la confusion est hallucinante. Le pays est devenu-
le pays dedans(territoirial) et le pays dehors(extraterritorial ) -, un
repère de prostitution(matérielle et spirituelle) et de drogue ce
qui a pour conséquence la formation d'un État voyou et anarchique.
Maintenant, que peut faire cette infime minorité saine du pays?
En dépit du tableau
sombre que présente le pays, le cas d'Haïti n'est pas perdu. Il faudrait
que cette minorité saine du pays, pour reprendre Gramsci, allie le pessimisme de
l'intelligence à l'optimisme de la volonté. La tâche sera ardue
mais il faut en même user de tout le pouvoir des connaissances avec ses
doutes sans laisser de côté la foi en un avenir meilleur.
Ernst Jean Poitevien
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