La prostitution de l'intellect : le mal d'Haïti

Caricature de Gayot & Opont CEP 2010: Magouilleurs
Gayot & Opont CEP 2010
J'adore entendre quand l'Haitien critique autrui. Je connais tellement bien aujourd’hui mes compatriotes que je m'esclaffe. Ce qui était cocasse la semaine dernière, c'est le retrait de la Plate-forme Vérité de la course électorale parce que le CEP a retiré Jacky Lumarque de la joute électorale présidentielle. Songez que Préval, un magouilleur patenté, fait partie de ce front électoral. Ne vous vous rappelez pas que l'Alternative posait pour condition à la participation aux élections de 2010 un replâtrage de la composante du CEP qui était constitué, entre autres, de Gayot et Opont. A l'époque Préval faisait la sourde oreille. Ces Messieurs avaient organisé ces élections en faveur de Jude Célestin et lui avaient donné la victoire dès le premier tour. Étant donné que Préval est l'homme de paille de l'Internationale, on lui avait imposé plutôt un second tour entre Sweet Micky et Mirlande Manigat. Chose bizarre alors : comment Jude Célestin ait pu passer de la première position à la troisième place. 
 

Reynold Georges, un électron trop libre, un Caméléon
Un Caméléon, un électron tropn libre
Que doit-on comprendre? La majorité des haïtiens est immorale. Comme on dit dans la langue française ce sont des chiens couchants. Ils se soumettent à aucune règle, aucune norme. Si d'aventure tu leur parles de principe, ils te disent cette affaire de principe t'empêcherait de vivre pleinement ta vie (lol, hihihihihi, hahahaha). Au diable les contraintes! Est-ce vrai que l'application d'un certain nombre de principes fondamentaux, empêcheraient-ils de vivre pleinement sa vie? (lol, hihihi, hahahah)La vie privée est le reflet de la vie publique de la majorité des Haïtiens, surtout au pouvoir. La prostitution (matérielle et intellectuelle) et le commerce de la drogue sont les deux fléaux qui les assujettissent à faire n'importe quoi pour de l'argent. Les rares personnes morales dans ce pays sont malheureuses puisqu'on les considère comme des ingénues, des hébétées. Sauf en Haïti, les magouilleurs sont considérés intelligents (lol).


Ce même phénomène se retrouve aussi bien dans la diaspora. A la différence, les besoins primaires sont satisfaits. Les mêmes saloperies qui se passent en Haïti se reproduisent dans la diaspora. Le plus gros problème, c'est que même quand certains Haïtiens se hissent à des postes importants en diaspora, mais ils n'ont pas tout le loisir de faire à sa guise, d'agir comme bon leur semble. Alors, occuper un poste important au pays devient le summum de leur rêve. Pour confirmer cette assertion, il faut revenir à la suite du coup d'état contre Aristide en septembre 1991. Dans les manifestations pour le retour à l'ordre constitutionnel, donc d'Aristide, les manifestants  scandaient : «Aristide peyi an se pou ou l ye vire dada w jan w vle.» (Aristide, le pays t'appartient, tu fais ce que bon te semble) Dans le même esprit, les partisans de Duvalier ou les sbires de ce dernier marquaient la même approbation. Nemours, le père du Compas, avait composé une musique dans ce sens : «gade oun peyi m fè sam pito, gade Peyi hoy olololoy.»(Ce pays est ma demeure, je fais et défais à ma guise ) En général, la personne tire quelques coups de feu en l'air pour clôturer ce moment d'extase.

La délinquance qui prend des proportions démesurées en diaspora est le reflet de ce désordre dans l'ordre des choses et de la pensée. Tous moyens de faire de l'argent deviennent le leitmotiv par excellence dans le mental de l'Haïtien en général. Par exemple la mère se prostitue au vu et au su de tout le monde et le mari profite consciemment de cette mode de vie. Vice versa. Les femmes changent d'hommes comme elles changent de culottes. Les hommes autant que les femmes ne font plus l'amour, ils font du sexe parce que la durée d'une relation est assujettie aux intérêts matériels immédiats. Le temps c'est de l'argent, donc l'amour prend trop de temps à bâtir, en conséquence le plaisir de l'amour perd au change. Comme tout est marchandise, l'amour devient lui aussi une marchandise : A-M- A+, le gain en retour contre débours initial. Ce débours est différent selon que tu sois un homme ou une femme. Une connaissance à qui j'exposais cette observation me disait que la conséquence de tout ça les générations futures seront moins belles ou jolies que celles qui les précèdent parce qu'on ne tient plus compte de la postérité génétique, la reproduction de soi-même avec l'autre qui est idéalisé, mais, plutôt dans l'intérêt ponctuel, les avantages immédiats. Et j'ai renchéri que c'était une tendance mondiale. Sauf chez nous on est capable d'entortiller tout concept, toute tendance à sa guise : le jour peut devenir nuit. Vice versa.

Comprendre, en dépit que la société capitaliste transforme tout en marchandise, dans bien de pays, qu'on essaie d'encadrer tout ça de règles éthiques(l'éthique n'est pas essentiellement de la morale) est une manifestation de l'éthique de responsabilité qui est le corollaire de l'éthique de conviction. Par exemple, dans plusieurs pays d'Occident, un de leurs ressortissants qui aurait pratiqué de la pédophilie à l'extérieur de son pays peut être condamné pour crime contre mineure. Les relations sentimentales mineures et adultes sont réprouvées. La violence conjugale de même. Il existe un ensemble de points sur lesquels ces sociétés ne badinent pas. Une conscience environnementale prend tranquillement sa place dans les normes de vie. L'opposition à l'utilisation des métadonnées  par les entreprises et les gouvernements (Google, Facebook,etc.) se met en place de plus en plus. Le seul frein à la montée de cette opposition, c'est la prolifération d'une élite mondiale inculte. Ce décorticage de la réalité comme l'anatomie dans les sciences dites dures est appelé l'analyse du politique, le fonctionnement de toute société à travers les règles écrites et surtout non écrites. Bref son inconscient collectif.

En effet, Sweet Micky et Opont, respectivement président de la République et président du CEP, ne devraient nous émouvoir outre mesure. A moins qu'on soit incapable d'analyser les faits ou tourner le dos à la réalité ou bien encore être dans l'incapacité de jauger les faits. Dans les deux derniers cas, ils ont peur de se regarder droit dans ce miroir qu'est Sweet Micky et Opont, car c'est leur propre image hideuse et dégoûtante. C'est du pareil au même. Des frères siamois.

Pour qu'il n'y ait pas de confusion dans mes propos. Je ne suis nullement contre la liberté des gens de mener leur vie comme bon leur semble. C'est plutôt la pagaille qui règne dans les comportements et les conceptions qui m'horripilent. L'absence de conviction ou du libre-arbitre chez nous ( quoi qu'on dise dans certaines sociétés, les citoyens usent d'un minimum d'outils d'analyse pour se convaincre ou dissuader; ils ne mettront pas trop souvent la charrue avant les bœufs) est à couper au couteau. En occident, le choix du mode de vie de quelqu'un ne se discute pas. L'homosexualité, le nudisme; les tenues vestimentaires, les coupes de cheveux, et j'en passe, participent à cette liberté individuelle. Et les gens assument leur marginalité. Chez nous, entre le paraître et l'être, il y a un épais brouillard : tout est bluff! Un sourire, des yeux doux, des mots tendres, des injures, la romance(toute la gamme des sentiments) peuvent avoir autant de signification qu'il n'y ait de sens. Bref la communication est morte, seule la méfiance et la ruse ont le haut du pavé. On ne communique pas, on s'évite. Le dialogue chez nous est le monologue par euphémisme.

Comment pourrais-je m'attendre à ce qu'un de mes compatriotes me fasse la leçon de morale. Au diable la morale dans nos simples faits et gestes et on tient un discours de haute moralité! Encore la manifestation de cette inconsistance dans le langage et la pratique qui s'entortille, se fusionne. Bref la confusion est hallucinante. Le pays est devenu- le pays dedans(territoirial) et le pays dehors(extraterritorial ) -, un repère de prostitution(matérielle et spirituelle) et de drogue ce qui a pour conséquence la formation d'un État voyou et anarchique. Maintenant, que peut faire cette infime minorité saine du pays?

En dépit du tableau sombre que présente le pays, le cas d'Haïti n'est pas perdu. Il faudrait que cette minorité saine du pays, pour reprendre Gramsci, allie le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de la volonté. La tâche sera ardue mais il faut en même user de tout le pouvoir des connaissances avec ses doutes sans laisser de côté la foi en un avenir meilleur.

Ernst Jean Poitevien

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