Le bon vieux peuple!

Le 25 octobre 2015, j'ai entendu et lu que le peuple haïtien a étonné le monde. De quel peuple parlait-on? Les masses excluant l'élite ou le peuple pris dans sa globalité? Réaction émotionnelle comme on a le secret de ses extravagances factices. Le niveau intellectuel des masses est proportionnellement équivalent à la hauteur de ses élites. Toutes choses étant égales d'ailleurs, une élite éclairée, des masses éclairées; une élite rétrograde, des masses rétrogrades. Les dérives de la nation reflètent le niveau de élites: économiques, intellectuelles et politiques. Alors, pour que les masses nous étonnent, il faudrait que les élites soient éclairées. Tel n'est pas le cas chez nous.



Opont, Président CEP
Au lendemain de cette prouesse fantasmée, le désenchantement arriva comme un coup de tonnerre dans un ciel serein: bourrage d'urnes; bulletin fait sur mesure pour le PHTK; irrégularités de toutes sortes. Où est donc passé ce peuple qui étonnait la veille? L'envers du décor, le drame qui se jouait dans les coulisses, le bon vieux peuple figurant de cette satire électorale, rétif, a eu la sagesse d'être sobre: ni trop enthousiasme, ni trop optimisme; 30% ou moins de l'électorat. Et là encore. Si on enlève des morts du séisme que l'ONI(Office national d'Identification) n'a jamais purgés de la liste électorale. Le tsunami politique aura-t-il lieu?

Des voix se proclament unilatéralement vainqueurs de cette joute électorale: Jovenel Moise, Maryse Narcisse, Moise Jean Charles et Jude Célestin. Le bluff devient l'arme par excellence pour faire accroire et manipuler l'opinion publique comme cela a été salutaire durant les deux dernières élections présidentielles, soit Préval en 2006 et Martelly en 2010.  Cette élite de robe, sans créativité ni imagination, a l'esprit complètement obstrué. Elle ne vit que pour une bouchée de pain. La recette de gagner les élections par le béton, cette fois-ci, risque de créer une onde de choc frontale, car le festin a plusieurs convives et ses cohortes de coterie.

Pour illustrer cette infertilité intellectuelle, Marx faisait allusion à l'apprentissage d'une langue : le moment où l'on traduit de sa langue à l'autre et l'autre quand on ne se sert plus de sa langue pour communiquer dans la nouvelle langue. Nous ne sommes qu'au premier niveau:  le retour au bon vieux temps du contrat Mac-Donald du début du 20ème siècle, l'idéal dessalinien, l'idéal aristidien et l'idéal prévalien. Des notions creuses qui nous abêtissent, nous zombifient. Le pire des conneries, c'est quand on fait appel au mythe fondateur, aux héros, dans le seul but d'assouvir des intérêts mesquins sous le drapeau de la patrie commune. Laissons Dessalines et tout le reste dans leurs tombes, occupons-nous des problèmes criants qui nous accablent!


Ernst Jean Poitevien

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