Haïti : l’impasse est globale et totale
Confusion totale dans la tête des Haïtiens. Résultats catastrophiques depuis deux cents ans. Lettrés, les gens qui auraient dû savoir lire les petites lettres fines, ne lisent que de grosses lettres. Les illettrés, par association, ne pourraient faire mieux. Pour faire un parallèle à Platon dans l'allégorie de la caverne, si les lettrés sont dans le noir, le pauvre peuple est dans la noirceur la plus opaque. Un des problèmes sensibles en Haïti est la question de couleur. C'est une question qui a traversé notre histoire et qui est l'une des boulets que nous trainons et qui nous empêchent d'avancer - donc qui n'avance recul- depuis la colonie jusqu'à ce jour. Un autre problème qui est corrolaire à notre incapacité de sortir de l'impasse, c'est notre système d'éducation.
Avant d'argumenter davantage, un point de méthode à esquisser. Comment comprenez-vous que la majorité de nos intellectuels utilisent l'appareillage conceptuel européen, en particulier, pour comprendre la problématique haïtienne. Je ne veux mentionner aucun nom aujourd'hui parce que je risque de me faire attaquer sauvagement les panégyristes de ces chantres de l'intellectualité haïtiennes que mon ami, Widmaer Avigdor, appelle le prolétariat intellectuel. Pour définir ce concept en devenir, je dirais que ce sont, entre autre, ces messieurs qui recopient allègrement les théories qui viennent de France. David Nicholls, l'auteur de From Dessalines to Duvalier, en a fait le même constat judicieux. Je me propose sous peu un essai d’analyse critique de quelques-uns de ces prolétariats et proposer l'haïtianisation de certains concepts galvaudés à tort et à travers. Ainsi, les flatteurs de ce prolétariat intellectuel se butera contre mes arguments. Il faut cesser de reproduire comme des singes les idées des maitres!
Revenons à la question de couleur. D'entrée de jeu, le préjugé de couleur existe bel et bien en Haïti. Il a été l'arme et l'âme idéologiques des oligarchies dominantes haïtiennes (les classes sociales n'existent pas en Haïti et je vous provoque) en conjonction avec les racistes européens et américains. Ce galimatias idéologique est à décortiquer de façon systématique. Ma thèse est en grande partie celle de Michel-Rolph Trouillot dans son livre Les racines historiques de l'État duvalérien où il établit une hiérarchie du racisme. Le Mulâtre se croit plus proche du Blanc, donc s'approprie l'idéologie de ce dernier, et tous ceux qui s'y éloigne au point de vue épidermique, doit être considérés inférieurs. Le Noir, dans cette logique, devient automatiquement inférieur au Mulâtre. En conséquence, Le Blanc au sommet de la pyramide, le Mulâtre s'ensuit, puis le Noir à la base. Le préjugé de couleur est donc un sous produit du racisme du Blanc.
Cependant, il faut appréhender la question de façon logique. Et Acaau, chef des Piquets en 1843, avait résolu cet énigme par cette phrase lapidaire :«Nèg rich se milat, milat pòv se nèg (Le noir riche est un mulâtre, le mulâtre pauvre est un noir). L'oligarchie Noire et Mulâtre se sont coalisées pour liquider Acaau. La couleur ne détermine pas le patriotisme ou le nationaliste. Boisrond Canal, mulâtre, s'est mêlé de toutes les sauces politiques depuis 1870 jusqu'au début du XXe siècle. Il a même collaboré avec Salomon, président noiriste du XIXe siècle. Les exemples pullulent quant à la collaboration étroite entre ces deux branches de l'oligarchie haïtienne. Nos déchirement mutuels, Noirs et Mulâtres, ont permis aux forces étrangères de s'immiscer pleinement dans les affaires du pays. Chaque clan avait sa puissance européenne ou étatsunienne. Même Anténor Firmin faisait appel au grand voisin américain lors de sa campagne électorale face à Nord Alexis - Il va s'en dire que ce dernier avait l'appui allemand et américain.
Pendant qu'on s'entredéchirait, les Arabes se présentaient sur le terrain et avec leur sens des affaires ont capté la faveur des paysans haïtiens parce qu'ils ne faisaient pas de différence de couleur: l'argent n'a pas d'odeur ni de couleur. Voilà ce qui explique les différentes attaques des commerçants Mulâtres, Allemands contre les Arabes parce qu'ils allaient à leur rencontre au fin fond de la paysannerie. Durant l'occupation étatsunienne, ils étaient pro étatsuniens parce que ces derniers leur donnaient toute leur protection. Les questions d'intérêts n'ont ni couleur ni arôme. D'ailleurs, les appels à l'occupation du pays était venu de tout bord, vu l'instabilité régulière du pays. En conséquence, les Haïtiens d'origine arabe ne sont pas moins nationalistes que quiconque. Comme le dit si bien Michel Soukar, Sauveur Pierre Étienne et Leslie Péan, le refus d'intégration de ces derniers dans la mouvance nationale a en grande partie rendu ces derniers frileux face au relèvement du pays. Ce qui est l’opposé des Dominicains. Ne se sont-ils pas associés aux Duvalier?
Sur la question du système d'éducation, je commencerai par une anecdote. Un jour quelqu'un qui enseignait l'histoire et la littérature en Haïti et qui était venu s'installer au Canada voulait impressionner un groupe d'amis, nous posait la question suivante :«Qui d'entre vous connait le nom de la banque centrale du Canada?» La question était tellement anodine que l'un d'entre nous nous demandait de nous taire et de laisser à ce dernier d'y répondre. Ce qui fut fait. Et ce Monsieur a répondu, en voulant nous insulter, que nous étions une bande d'ignares, que c'était une réponse élémentaire, donc que la banque centrale s'appelle la banque Royale du Canada puisque le Canada est une monarchie constitutionnelle. Imaginez-vous que quelqu'un vous dirait, par exemple s'il existait aux États-Unis une banque privé qui s'appellerait banque de la République des États-Unis, que ce Monsieur aurait désigné comme banque centrale à la place de la Federal Reserve. Cette anecdote illustre le manque de rigueur des gens qui sortent de ce système et qui ne se surpassent pas. L'obligation de vérifier les faits, d'aller aux sources avant de se prononcer en est le talon d'Achille.
Une autre observation révélatrice de l'absence de rigueur, c'est l'explication de nos intellectuels quand ils analysaient le système politique étatsunien en fonction de la politique haïtienne. Pour résumer, ils associaient le parti démocrate à l'industrie et le républicain à la haute finance. D'un autre côté, ils disaient que c'est le Pentagone qui dirigeait la politique américaine et non la Maison blanche. Cette vision manichéenne est tellement simpliste, aujourd'hui je suis révolté d'avoir crû que ces gens savaient ce qu'ils disaient. Finalement, tout le monde ne répète-t-il pas à satiété que Dumarsais Estimé avait payé la dette haïtienne aux Étatsuniens avec de faux dollars, qu’il était le meilleur président haïtien sans aucune analyse critique de valeur sur cette période? Il faut aller voir les Analyses de Anthony Lespes ou Max Hudicourt et d’autres acteurs de l’époque pour mieux comprendre et se prononcer de façon rigoureuse.
Pour finir, l’absence d’une science sociale en Haïti autonome du point de vue conceptuel nous empêche de sortir du carcan de la problématique haïtienne. L’appareillage conceptuel de ce champs d’études est pauvre, sinon inexistant. Quand des tentatives se font, ce sont la reproduction de concept venue de l’Europe mis à la sauce haïtienne. On se rappelle du fascisme du sous développement, de société féodale pour désigner la structure économique, sociale du pays. Aussi, il y a cette attitude d’impuissance du prolétariat intellectuel qui se manifeste ainsi : Haïti n’a pas de bourgeoisie nationale, l’État néo et patrimonial, les Étatsuniens s’opposent à notre développement. Ce sont là quelques-uns des radotages du prolétariat intellectuel qu’il faudrait un jour jetés à la poubelle…
http://haiti-tribune.blogspot.com/2013/05/haiti-sortir-de-limpasse.html#.UZxFoZwoVJs
http://haiti-tribune.blogspot.com/2012/08/haiti-le-paradoxe-entre-la-volonte-et.html#.UabKjJyoEh0
Avant d'argumenter davantage, un point de méthode à esquisser. Comment comprenez-vous que la majorité de nos intellectuels utilisent l'appareillage conceptuel européen, en particulier, pour comprendre la problématique haïtienne. Je ne veux mentionner aucun nom aujourd'hui parce que je risque de me faire attaquer sauvagement les panégyristes de ces chantres de l'intellectualité haïtiennes que mon ami, Widmaer Avigdor, appelle le prolétariat intellectuel. Pour définir ce concept en devenir, je dirais que ce sont, entre autre, ces messieurs qui recopient allègrement les théories qui viennent de France. David Nicholls, l'auteur de From Dessalines to Duvalier, en a fait le même constat judicieux. Je me propose sous peu un essai d’analyse critique de quelques-uns de ces prolétariats et proposer l'haïtianisation de certains concepts galvaudés à tort et à travers. Ainsi, les flatteurs de ce prolétariat intellectuel se butera contre mes arguments. Il faut cesser de reproduire comme des singes les idées des maitres!
Revenons à la question de couleur. D'entrée de jeu, le préjugé de couleur existe bel et bien en Haïti. Il a été l'arme et l'âme idéologiques des oligarchies dominantes haïtiennes (les classes sociales n'existent pas en Haïti et je vous provoque) en conjonction avec les racistes européens et américains. Ce galimatias idéologique est à décortiquer de façon systématique. Ma thèse est en grande partie celle de Michel-Rolph Trouillot dans son livre Les racines historiques de l'État duvalérien où il établit une hiérarchie du racisme. Le Mulâtre se croit plus proche du Blanc, donc s'approprie l'idéologie de ce dernier, et tous ceux qui s'y éloigne au point de vue épidermique, doit être considérés inférieurs. Le Noir, dans cette logique, devient automatiquement inférieur au Mulâtre. En conséquence, Le Blanc au sommet de la pyramide, le Mulâtre s'ensuit, puis le Noir à la base. Le préjugé de couleur est donc un sous produit du racisme du Blanc.
Cependant, il faut appréhender la question de façon logique. Et Acaau, chef des Piquets en 1843, avait résolu cet énigme par cette phrase lapidaire :«Nèg rich se milat, milat pòv se nèg (Le noir riche est un mulâtre, le mulâtre pauvre est un noir). L'oligarchie Noire et Mulâtre se sont coalisées pour liquider Acaau. La couleur ne détermine pas le patriotisme ou le nationaliste. Boisrond Canal, mulâtre, s'est mêlé de toutes les sauces politiques depuis 1870 jusqu'au début du XXe siècle. Il a même collaboré avec Salomon, président noiriste du XIXe siècle. Les exemples pullulent quant à la collaboration étroite entre ces deux branches de l'oligarchie haïtienne. Nos déchirement mutuels, Noirs et Mulâtres, ont permis aux forces étrangères de s'immiscer pleinement dans les affaires du pays. Chaque clan avait sa puissance européenne ou étatsunienne. Même Anténor Firmin faisait appel au grand voisin américain lors de sa campagne électorale face à Nord Alexis - Il va s'en dire que ce dernier avait l'appui allemand et américain.
Pendant qu'on s'entredéchirait, les Arabes se présentaient sur le terrain et avec leur sens des affaires ont capté la faveur des paysans haïtiens parce qu'ils ne faisaient pas de différence de couleur: l'argent n'a pas d'odeur ni de couleur. Voilà ce qui explique les différentes attaques des commerçants Mulâtres, Allemands contre les Arabes parce qu'ils allaient à leur rencontre au fin fond de la paysannerie. Durant l'occupation étatsunienne, ils étaient pro étatsuniens parce que ces derniers leur donnaient toute leur protection. Les questions d'intérêts n'ont ni couleur ni arôme. D'ailleurs, les appels à l'occupation du pays était venu de tout bord, vu l'instabilité régulière du pays. En conséquence, les Haïtiens d'origine arabe ne sont pas moins nationalistes que quiconque. Comme le dit si bien Michel Soukar, Sauveur Pierre Étienne et Leslie Péan, le refus d'intégration de ces derniers dans la mouvance nationale a en grande partie rendu ces derniers frileux face au relèvement du pays. Ce qui est l’opposé des Dominicains. Ne se sont-ils pas associés aux Duvalier?
Sur la question du système d'éducation, je commencerai par une anecdote. Un jour quelqu'un qui enseignait l'histoire et la littérature en Haïti et qui était venu s'installer au Canada voulait impressionner un groupe d'amis, nous posait la question suivante :«Qui d'entre vous connait le nom de la banque centrale du Canada?» La question était tellement anodine que l'un d'entre nous nous demandait de nous taire et de laisser à ce dernier d'y répondre. Ce qui fut fait. Et ce Monsieur a répondu, en voulant nous insulter, que nous étions une bande d'ignares, que c'était une réponse élémentaire, donc que la banque centrale s'appelle la banque Royale du Canada puisque le Canada est une monarchie constitutionnelle. Imaginez-vous que quelqu'un vous dirait, par exemple s'il existait aux États-Unis une banque privé qui s'appellerait banque de la République des États-Unis, que ce Monsieur aurait désigné comme banque centrale à la place de la Federal Reserve. Cette anecdote illustre le manque de rigueur des gens qui sortent de ce système et qui ne se surpassent pas. L'obligation de vérifier les faits, d'aller aux sources avant de se prononcer en est le talon d'Achille.
Une autre observation révélatrice de l'absence de rigueur, c'est l'explication de nos intellectuels quand ils analysaient le système politique étatsunien en fonction de la politique haïtienne. Pour résumer, ils associaient le parti démocrate à l'industrie et le républicain à la haute finance. D'un autre côté, ils disaient que c'est le Pentagone qui dirigeait la politique américaine et non la Maison blanche. Cette vision manichéenne est tellement simpliste, aujourd'hui je suis révolté d'avoir crû que ces gens savaient ce qu'ils disaient. Finalement, tout le monde ne répète-t-il pas à satiété que Dumarsais Estimé avait payé la dette haïtienne aux Étatsuniens avec de faux dollars, qu’il était le meilleur président haïtien sans aucune analyse critique de valeur sur cette période? Il faut aller voir les Analyses de Anthony Lespes ou Max Hudicourt et d’autres acteurs de l’époque pour mieux comprendre et se prononcer de façon rigoureuse.
Pour finir, l’absence d’une science sociale en Haïti autonome du point de vue conceptuel nous empêche de sortir du carcan de la problématique haïtienne. L’appareillage conceptuel de ce champs d’études est pauvre, sinon inexistant. Quand des tentatives se font, ce sont la reproduction de concept venue de l’Europe mis à la sauce haïtienne. On se rappelle du fascisme du sous développement, de société féodale pour désigner la structure économique, sociale du pays. Aussi, il y a cette attitude d’impuissance du prolétariat intellectuel qui se manifeste ainsi : Haïti n’a pas de bourgeoisie nationale, l’État néo et patrimonial, les Étatsuniens s’opposent à notre développement. Ce sont là quelques-uns des radotages du prolétariat intellectuel qu’il faudrait un jour jetés à la poubelle…
http://haiti-tribune.blogspot.com/2013/05/haiti-sortir-de-limpasse.html#.UZxFoZwoVJs
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