La politique est envahissante…
Méfiez-vous des gens qui disent qu'ils ne font pas de la politique. Ils vous donneront comme raison que la politique est sale, qu'ils ne vont pas se mêler de la politique pour ne pas subir les aléas de cette dernière. Cependant,toute société humaine est par essence politique. L'être humain est un animal politique; les affaires de la cité sont les affaires de tout le monde. Si tu ne fais pas de la politique, donc tu ne t'occupes pas de tes intérêts, quelqu'un d'autre s'en chargera et le résultat ne serait certainement ce que tu aurais souhaité. Vivre dans un environnement agréable ou pas dépend de ton implication ou non dans les affaires de la cité. Tes choix politiques reflèteront ce que sera ton coin de terre : ton village, ta ville, ta commune, ton département et, finalement, ton pays. On a inculqué aux masses de se détourner de leurs intérêts afin qu'elles n'encombrent pas les voies du marchandage entre les professionnels des choses de la cité, ainsi permettent à ces gens d'avoir libre cours dans le partage de l'assiette économique. De l'autre, les élites savent tirer leurs épingles du jeu par le soudoiement de ces professionnels pour leurs intérêts immédiats. Donc, quand des élites vous disent qu'elles ne s'intéressent pas à la politique, elles te racontent des bobards puisqu'elles jouent en catimini leur partition pour le partage du cadeau. Posez-vous la question : pourquoi peu importe le pouvoir leurs affaires fleurissement toujours? Et vous, qui les aviez écoutées de mépriser la politique, vos vies sont en dents de scie.
Il y a certes une distinction à faire entre la politique partisane et la politique tout court. La première c'est d'appuyer activement un parti politique ou une idéologie en particulier. La seconde c'est s'intéresser aux choses de la cité à tous les points de vue, économique, sociale, politique. Se retrouvent dans cette catégorie, ce qu'on appelle les «gardes palais». Ils sont présents dans tous les gouvernements. Ils n'ont pas de lignes idéologiques. Leur seule idéologie c'est faire de l'argent. On leur retrouve dans l'administration publique (ministres, directeur, employés de bureau, etc.). Il y en a d'autres, en particulier des hommes d'affaires, qui surveillent leurs grains au soleil, les politiques qui sont dans leurs avantages, des lois qui les contraignent le moins.
L'ignorance étant ambiante dans ce pays que certaines réactions sont vraiment folkloriques. Ces temps-ci, on voit des gens te flanquent dans la face comme argument les multiples constructions routières qui se font dans le pays. Comme sous Préval, avec une orgie de voie routière en chantier, qui faisaient dire à ses partisans et les Haïtiens en général que ce dernier était en train de moderniser le pays; sous Martelly aussi, qui fait du tapage même pour l'inauguration d'un moulin, la construction de routes - et dernièrement le tapage autour de la projection des voies superposées à Carrefour-, met nos compatriotes dans un état euphorique digne des transes de possession. L'hystérie collective ne fait que montrer l'état d'arriération de bon nombre de nos concitoyens. Il n'est pas un hasard que Martelly, vivant dans cette ambiance d'ignorance primaire, ait déclaré, sans respect pour le minimum de bon sens, qu'il avait créé 400 000 emplois. Ne vous êtes-vous jamais posés la question que le développement routier dans un pays répond en tout premier lieu à un besoin économique, ensuite son utilité à d'autres fins? Je préfère vous laisser réfléchir que de continuer à battre en brèches ces exaltations incohérentes.
Cette semaine, pour le 1er mai 2013, j’ai eu un plaisir morbide d’entendre Michel Martelly se dénude dans toute son ignorance quand il disait : comment voulez-vous qu’il y ait d’investissements dans un pays où il n’y a pas de cadastre, qu’on est incapable d’organiser des élections à date fixe, et patati et patata. En clair, il nous dit que la fameuse diplomatie des affaires de son Premier ministre Laurent Lamothe n’est qu’une farce. Quand un président ne fait pas la distinction entre ciel et terre, comment voulez-vous que les citoyens savent marcher sur leurs deux pieds! Donc, la confusion est totale. La totalité de la confusion prouve que les gens éclairés de ce pays ne constituent qu’une minorité insignifiante. Quand une société civile regroupe plein de gens qui ne distinguent le vrai du faux , quelle direction pourrait-elle insuffler sur les institutions étatiques? On pourrait établir cette relation de cause à effet : Plus la société civile est forte, plus l’État l’est davantage.
Aussi ce que bien des gens ne comprennent pas, c’est que la construction de ces routes qui n’est pas articulée dans un projet de développement est le moyen le plus efficace de voler les fonds de l’État. Dans ce même ordre d’idées, la mise sur pied de plusieurs organismes para publics va dans cette même logique. Les voleurs de grand chemin ont depuis longtemps mis sur pied des mécanismes assez complexes pour jeter la poudre aux yeux. Derrière tous ces tralalas, ce qui se trame c’est le vol des maigres ressources du pays dans des voyages pléthoriques, des délégations de pouvoir, comme la nomination de Madame Martelly et de son fils pour gérer des deniers publics, et j’en passe. Ne pas faire de la politique, c’est accepter de vivre dans la misère la plus abjecte, et de pleurnicher que le pays va mal. Bien sûr, il ira de mal en pis avec notre passivité proverbiale. Donc, faire de la politique doit être un besoin primaire, une obligation.
Ceci étant dit, mener la lutte pour le reboisement d'Haïti, ou l'élimination de la domesticité infantile sont des activités purement et simplement politiques parce que vous secouez un ordre établi avec ses logiques sociales, économiques et politiques. En Haïti, réaliser de telles réformes deviennent des actes révolutionnaires. Point n'est besoin de vous dire, d'après Karl Polanyi, là où le développement économique est faible, la politique surdétermine toutes les autres activités humaines. Un constat est clair : qui sont les familles qui possèdent le monopole des activités économiques depuis plus de 50 ans? Les Mevs, les Handal, les Brandt, etc. On a vu Bennett, père de Michèle Bennett, femme de Jean-Claude Duvalier, devenu premier exportateur de café en peu de temps suite au mariage de sa fille avec ce chef de l'état d'alors. Donc la vie citoyenne est politisée à tous les niveaux. Il n'y a pas à s'en sortir.
Quand des gens préfèrent vous amener sur la voie de l’apolitisme, il faut se dire : est-ce de la tromperie ou de l'ignorance ou encore de l'inculture? Il faut croire que dans ce pays aussi que les sentiments passent trop souvent pour de l'analyse. Dessalines n'a-t-il pas préféré le texte de proclamation de l'indépendance de Boisrond Tonnerre à celui de Charreron ? Ou encore les élites n'ont-elles pas préféré Tonton Nord à Anténor Firmin? Finalement, n'a-t-on pas, sur le gouvernement d'Estimé, choisi de payer la dette haïtienne aux Étatsuniens que d'investir dans les infrastructures? La créativité de la majorité de nos intellectuels étant nulle, celui de la population en général suit la même courbe de l'infertilité intellectuelle. Cependant, dans tous ces cas, ils faisaient de la politique pour leurs intérêts mesquins. Au diable! Le bon vieux peuple.
Devant la gravité de la situation du pays, quand on entend certaines propositions venant de gens qui font partie des gens les plus éclairés de la société, on est en droit d'avoir la frisson que l'instruction n'est pas de l'intelligence. Nos rapports avec la connaissance est un rapport de dilettantisme. En effet, dans une société où les intellectuels refusent tout débat d'idées est une société où les lieux communs deviennent la religion. La religion est une profession de foi, d'acceptation des idées sans questionnement. La réalité étant complexe et changeante, les dogmes ne peuvent pas nous permettre de résoudre la complexité de nos problèmes. Seul le choc des idées peut tracer la voie des solutions à notre portée...
http://haiti-tribune.blogspot.com/2013/05/haiti-sortir-de-limpasse.html#.UZxFoZwoVJs
http://haiti-tribune.blogspot.com/2012/08/haiti-le-paradoxe-entre-la-volonte-et.html#.UabKjJyoEh0
Il y a certes une distinction à faire entre la politique partisane et la politique tout court. La première c'est d'appuyer activement un parti politique ou une idéologie en particulier. La seconde c'est s'intéresser aux choses de la cité à tous les points de vue, économique, sociale, politique. Se retrouvent dans cette catégorie, ce qu'on appelle les «gardes palais». Ils sont présents dans tous les gouvernements. Ils n'ont pas de lignes idéologiques. Leur seule idéologie c'est faire de l'argent. On leur retrouve dans l'administration publique (ministres, directeur, employés de bureau, etc.). Il y en a d'autres, en particulier des hommes d'affaires, qui surveillent leurs grains au soleil, les politiques qui sont dans leurs avantages, des lois qui les contraignent le moins.
L'ignorance étant ambiante dans ce pays que certaines réactions sont vraiment folkloriques. Ces temps-ci, on voit des gens te flanquent dans la face comme argument les multiples constructions routières qui se font dans le pays. Comme sous Préval, avec une orgie de voie routière en chantier, qui faisaient dire à ses partisans et les Haïtiens en général que ce dernier était en train de moderniser le pays; sous Martelly aussi, qui fait du tapage même pour l'inauguration d'un moulin, la construction de routes - et dernièrement le tapage autour de la projection des voies superposées à Carrefour-, met nos compatriotes dans un état euphorique digne des transes de possession. L'hystérie collective ne fait que montrer l'état d'arriération de bon nombre de nos concitoyens. Il n'est pas un hasard que Martelly, vivant dans cette ambiance d'ignorance primaire, ait déclaré, sans respect pour le minimum de bon sens, qu'il avait créé 400 000 emplois. Ne vous êtes-vous jamais posés la question que le développement routier dans un pays répond en tout premier lieu à un besoin économique, ensuite son utilité à d'autres fins? Je préfère vous laisser réfléchir que de continuer à battre en brèches ces exaltations incohérentes.
Cette semaine, pour le 1er mai 2013, j’ai eu un plaisir morbide d’entendre Michel Martelly se dénude dans toute son ignorance quand il disait : comment voulez-vous qu’il y ait d’investissements dans un pays où il n’y a pas de cadastre, qu’on est incapable d’organiser des élections à date fixe, et patati et patata. En clair, il nous dit que la fameuse diplomatie des affaires de son Premier ministre Laurent Lamothe n’est qu’une farce. Quand un président ne fait pas la distinction entre ciel et terre, comment voulez-vous que les citoyens savent marcher sur leurs deux pieds! Donc, la confusion est totale. La totalité de la confusion prouve que les gens éclairés de ce pays ne constituent qu’une minorité insignifiante. Quand une société civile regroupe plein de gens qui ne distinguent le vrai du faux , quelle direction pourrait-elle insuffler sur les institutions étatiques? On pourrait établir cette relation de cause à effet : Plus la société civile est forte, plus l’État l’est davantage.
Aussi ce que bien des gens ne comprennent pas, c’est que la construction de ces routes qui n’est pas articulée dans un projet de développement est le moyen le plus efficace de voler les fonds de l’État. Dans ce même ordre d’idées, la mise sur pied de plusieurs organismes para publics va dans cette même logique. Les voleurs de grand chemin ont depuis longtemps mis sur pied des mécanismes assez complexes pour jeter la poudre aux yeux. Derrière tous ces tralalas, ce qui se trame c’est le vol des maigres ressources du pays dans des voyages pléthoriques, des délégations de pouvoir, comme la nomination de Madame Martelly et de son fils pour gérer des deniers publics, et j’en passe. Ne pas faire de la politique, c’est accepter de vivre dans la misère la plus abjecte, et de pleurnicher que le pays va mal. Bien sûr, il ira de mal en pis avec notre passivité proverbiale. Donc, faire de la politique doit être un besoin primaire, une obligation.
Ceci étant dit, mener la lutte pour le reboisement d'Haïti, ou l'élimination de la domesticité infantile sont des activités purement et simplement politiques parce que vous secouez un ordre établi avec ses logiques sociales, économiques et politiques. En Haïti, réaliser de telles réformes deviennent des actes révolutionnaires. Point n'est besoin de vous dire, d'après Karl Polanyi, là où le développement économique est faible, la politique surdétermine toutes les autres activités humaines. Un constat est clair : qui sont les familles qui possèdent le monopole des activités économiques depuis plus de 50 ans? Les Mevs, les Handal, les Brandt, etc. On a vu Bennett, père de Michèle Bennett, femme de Jean-Claude Duvalier, devenu premier exportateur de café en peu de temps suite au mariage de sa fille avec ce chef de l'état d'alors. Donc la vie citoyenne est politisée à tous les niveaux. Il n'y a pas à s'en sortir.
Quand des gens préfèrent vous amener sur la voie de l’apolitisme, il faut se dire : est-ce de la tromperie ou de l'ignorance ou encore de l'inculture? Il faut croire que dans ce pays aussi que les sentiments passent trop souvent pour de l'analyse. Dessalines n'a-t-il pas préféré le texte de proclamation de l'indépendance de Boisrond Tonnerre à celui de Charreron ? Ou encore les élites n'ont-elles pas préféré Tonton Nord à Anténor Firmin? Finalement, n'a-t-on pas, sur le gouvernement d'Estimé, choisi de payer la dette haïtienne aux Étatsuniens que d'investir dans les infrastructures? La créativité de la majorité de nos intellectuels étant nulle, celui de la population en général suit la même courbe de l'infertilité intellectuelle. Cependant, dans tous ces cas, ils faisaient de la politique pour leurs intérêts mesquins. Au diable! Le bon vieux peuple.
Devant la gravité de la situation du pays, quand on entend certaines propositions venant de gens qui font partie des gens les plus éclairés de la société, on est en droit d'avoir la frisson que l'instruction n'est pas de l'intelligence. Nos rapports avec la connaissance est un rapport de dilettantisme. En effet, dans une société où les intellectuels refusent tout débat d'idées est une société où les lieux communs deviennent la religion. La religion est une profession de foi, d'acceptation des idées sans questionnement. La réalité étant complexe et changeante, les dogmes ne peuvent pas nous permettre de résoudre la complexité de nos problèmes. Seul le choc des idées peut tracer la voie des solutions à notre portée...
http://haiti-tribune.blogspot.com/2013/05/haiti-sortir-de-limpasse.html#.UZxFoZwoVJs
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